L’autre soir, j’ai appelé le gestionnaire de l’aéroport de Boston (IATA : BOS) pour l’interroger sur la position exacte de son aéroport. Selon les derniers calculs d’Air Napoléon, il semble effectivement qu’il faille le déplacer de quelques miles.
En rentrant de Boston la semaine d’avant, j’avais craqué, plutôt que pour l’offre très limitée du salon (en sous-sol sans fenêtre ni service) que la compagnie propose à ses meilleurs passagers, pour l’image alléchante d’une pizza hawaïenne au food court du terminal E. On m’a dit depuis que la recette au fromage, jambon et ananas était depuis longtemps passée de mode : c’est sans doute ce qui fait qu’elle n’est plus très souvent proposée et paradoxalement ce qui m’a incité à en commander une part, avec beaucoup de nostalgie, à l’aéroport de Boston.
Pendant que j’avalais donc ma pizza à l’ananas, j’ai pris quelques photos. Au plafond au food court, une décoration indique en effet la distance en miles entre Boston et les principales villes du globe. Ainsi, Hong Kong est à 8005 miles de ma pizza et la distance affichée pour Paris est de 3445 miles.
Cette information est cependant fausse : Air Napoléon l’a précisément mesurée à 3440 miles.
En effet, comme d’autres compagnies, Air Napoléon propose un programme de fidélité où l’on gagne des points en fonction de la distance parcourue en vol, exprimée en miles aériens (le mile nautique ayant une longueur différente, ce qui m’a toujours étonné, mais sans doute est-ce pour prendre en compte la hauteur des vagues – ce commentaire devrait alerter les lecteurs au premier degré sur mon manque absolu de compétences en aéronautique). Pour le vol que j’ai effectué après avoir avalé ma pizza, j’ai reçu – si on exclut le bonus lié à mon statut de voyageur fréquent – 3438 et 2 miles. Le premier montant correspond à l’attribution automatique par le système d’information de la compagnie. Les deux miles complémentaires proviennent d’une correction appliquée manuellement pour faire correspondre le gain réellement obtenu avec ce qui est affiché lors de l’achat du billet dans « l’estimateur de miles » qui est, pour une majorité de destinations, désespérément faux chez Air Napoléon (toujours au désavantage du passager, puisque la compagnie promet plus avant la vente qu’elle ne donne après le vol). Il faut à ce propos que je remercie Air Napoléon qui a pris l’initiative de désormais rectifier l’écart sans que je doive en faire la demande à chaque vol, m’offrant ainsi un service personnalisé à valeur ajoutée. Il est plutôt cocasse et il m’a fallu deux ans de railleries mesquines pour en bénéficier, mais combien de passagers reçoivent une telle attention de leur transporteur aérien ?
Sur base de la valeur revue et corrigée, Air Napoléon confirme donc formellement que Boston et Paris sont séparés par 3440 miles. L’affichage au food court devra être adapté en conséquence. Bien sûr, je me suis souvent interrogé sur la façon dont on détermine la distance entre deux aéroports : le pilote ne prend-il jamais, pour éviter un nuage ou un oiseau , un détour ou au contraire, pour rentrer plus vite à la maison, un raccourci (ce commentaire devrait conforter les lecteurs au premier degré dans leur avis sur mon manque absolu de compétences en aéronautique) ? A défaut d’une meilleure explication, j’ai élaboré, pour expliquer le phénomène, une doctrine de mangeur de pizza hawaïenne : la théorie de la conserve d’ananas. Il existe des ananas frais de différentes tailles, mais toutes les tranches vendues en conserve ont exactement le même diamètre, afin de s’insérer parfaitement dans la boîte. La réalité des vols peut faire varier le nombre de miles parcourus, mais le montant attribué pour récompenser la fidélité est rigoureusement millimétré. Et de la même façon que certains vendeurs hard discount mettent beaucoup de jus sucré dans la conserve, pour maintenir le poids en réduisant le diamètre de la rondelle de fruit, certaines compagnies valorisent à la baisse la distance entre les villes. Air Napoléon, avec ses 3438 ou 3440 miles, nous gave de jus là où Aminimal Airlines et le vendeur de pizza préfèrent afficher 3445 miles et un peu plus de fruit.
De cette histoire, je retiens aussi que Bill, qui répond au téléphone lorsqu’on appelle le gestionnaire aéroportuaire de Boston, n’est pas sûr de bien situer Paris, en tout cas pas à 5 miles près (« c’est près de Nice, où a habité sa sœur et où il y a le festival des César »), mais rêverait d’y séjourner un jour pour aller au Moulin Rouge. A défaut de changer l’affichage des distances dans la décoration de l’aéroport, il m’a promis de m’offrir une pizza à mon prochain passage. Je demanderai une double ration d’ananas.
Excellent, je ne savais pas que les miles affichés lors de l’achat du billet étaient différents quand ils étaient ensuite attribués sur le relevé Miles & Blues, ni même que vous aviez pu avoir la régularisation des miles…
Je serai ravi d’avoir votre masque de courrier (15 miles postales par courrier, ça vous irait ?) 😉
Bonjour Arnaud,
Il suffit de demander la régularisation entre ce qui est gagné et ce qui est affiché sur le calculateur de miles en ligne sur le site de la compagnie, après consultation de celui-ci. La consigne chez Miles&Blues est de répondre systématiquement positivement à la demande du passager (éventuellement il faut insister si le premier message du service client insiste sur la mention « information à titre indicatif » en soulignant qu’il est peu correct de maintenir une information fausse, même à titre indicatif, pendant plusieurs années et malgré des demandes de corrections par plusieurs clients).
Pour mes masques de courrier, voir : https://airnapoleon.com/2011/07/23/questionnaire-a-choix-multiples/ date du 19/7, n°5 et n°5 bis ou https://airnapoleon.com/2011/07/03/1500-mails-contre-1500-miles/ date du 16/7.