On m’a parfois reproché de critiquer trop Air Napoléon. Aussi, j’ai embarqué, lors d’un de mes derniers vols sur une autre compagnie, dans l’idée de réagir à chaque imperfection, prêt à arborer mon t-shirt « passager mécontent » au premier écart.
C’était un déplacement à plusieurs, à destination de l’Espagne. Le vol aller, opéré par Jamón Air, une filiale d’Isteria, a embarqué à l’heure pour arriver à l’heure. Sans même qu’il faille le demander, tout le groupe a pu être enregistré sur une même rangée, alors qu’ailleurs il m’a souvent fallu négocier dans l’avion des échanges de place avec d’autres passagers pour me rapprocher de collègues arbitrairement placés à l’autre bout de l’appareil, même avec des billets achetés simultanément (« il faut se connecter à H-30 exactement pour choisir deux sièges mitoyens, mais je peux vous proposer la 15D et la 22F, il n’y a que six rangées d’écart »). La collation, en cabine économique, était certes minimale (un sachet de fruits secs avec une boisson) mais l’hôtesse a veillé, pour chaque passager, à ouvrir la canette, remplir le gobelet et poser l’ensemble sur la tablette, ce qui diffère du lancé de demi-canette auquel je me suis maintenant habitué. Et surtout, il y a eu un passage intermédiaire pour débarrasser, ce qui m’a évité de passer la moitié du vol avec un gobelet sur les genoux. Pour le retour, également à l’heure, la collation était complétée d’une offre payante de sandwiches, soupes et autres snacks. Certes il faut payer, mais le tarif m’a semblé raisonnable, et je préfère payer quelques euros pour un produit convenable que me voir offrir gratuitement le choix salé/sucré d’Air Napoléon (« fenouil ou grand-mère ? », même s’il semble qu’une innovation récente, ou un prix d’achat préférentiel, ait conduit Air Napoléon à remplacer le biscuit au fenouil par un gressin au pesto). Ce n’est pas que la collation gratuite soit immangeable, c’est qu’elle manque de variété. Ça peut paraître banal, mais j’ai reçu après le vol, sur mon compte fidélité, exactement le nombre de miles affichés à la vente. Etant avec un groupe, je n’ai pas insisté sur l’accès au salon que me permet mon statut, même si à l’enregistrement du retour, on m’a dit que je pourrais éventuellement le faire découvrir à mes collègues (sans s’attacher à une quelconque limite du nombre d’invités). De toute façon le délai restant avant l’embarquement n’aurait permis qu’une visite très rapide, mais la proposition a été énoncée avec beaucoup de sympathie. De ce voyage, je conclus que je dois être allergique : intolérant au napoléonisme. En effet, essayer de critiquer Jamón Air et Isteria me conduit une fois de plus à déplorer, en comparaison, les limites d’Air Napoléon. Bien sûr, on me dira que la meilleure solution est d’éviter cette dernière compagnie. Mais Napoléon, pas toujours de façon très honorable, a conquis quelques places en Europe… faut-il fuir ses vols ou dénoncer ses limites ?
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