Que peut-on imaginer de pire qu’un vol Air Napoléon quand on critique chaque vol sur ce blog ? Un vol Air Napoléon opéré par feu Air Micheylles.
Ce récit date du WE de nouvel an, pour un vol vers les Seychelles, il est resté prisonnier d’une machine récalcitrante envoyée au service après-vente et à présent enfin réparée. Depuis, Air Micheylles en quasi-faillite s’est réduit à trois coucous qui relient à basse altitude quelques îles de l’Océan Indien. Ce qui m’a d’ailleurs valu quelques aventures sur le vol retour, qui était presque un non-vol retour.
C’était donc toute fin 2011, j’avais hérité du siège 8C, sur un vieux B767-300 décoré en créole, à destination de Mahé. Comme le prouve son coussin particulièrement défoncé (s’il y a encore un coussin sous le tissu), c’est une place stratégique, parce que la rangée 7 juste devant ne comporte que deux sièges centraux, ce qui vous laisse un-demi siège de liberté pour étendre vos jambes jusqu’au couloir. Quelques centaines de vols vous apprennent que les plans de cabine présentés sur Internet n’ont pas pour cible que les passionnés d’aéronautique ; on peut avoir en les lisant bien plus de place en classe éco que dans les coquilles de la Bizbiz.
Justement, parce qu’il n’y a qu’un demi-dossier pour vous couper la vue, le 8C (et bien sûr son homologue en 8E) est un parfait point d’observation sur la Bizbiz toute proche. Vous avez neuf heures de vol pour vous réjouir de ne pas avoir déboursé le prix exorbitant exigé pour y siéger (le mile Air Micheylle devait être un des plus chers au monde, surtout quand vous le payez à Air Napoléon, et on comprend que la compagnie n’ait pas survécu à la concurrence du golfe). En s’asseyant l’autre soir, une passagère un peu pincée a reproché à la chef de cabine avant la vétusté des fauteuils : « ce sont les nouveaux modèles, Madame ». Ceux avec lesquels, à notre époque où chacun trimbale dans sa propre tablette les dernières nouveautés avant même leur sortie en France, on vous prête un écran portable, et quelques vieux films, sans doute datés des années 80 comme le reste de l’avion. Pas certain néanmoins que vous visionnez chaque histoire jusqu’à la fin : j’ai observé plusieurs bibizeurs se plaignant à mi-vol de n’avoir plus de batterie. Bien sûr, la classe Affaires, c’est aussi pour le plaisir du palais : mais même un McBurger froid est plus appétissant que ce que tante Micheylle, avec ses grosses lunettes et son tablier bleu, vous y sert. Il y a bien sûr, et heureusement, le fameux plateau de fruits aux odeurs de cocotiers, mais j’ai déjà remarqué qu’une pomme ou un kiwi en poche passent sans difficulté les contrôles de sécurité. Tout comme le pic-nic bio qui s’achète pas cher et avec un sourire au coin ma rue : c’est finalement l’offre de restauration aérienne la plus compétitive, la plus diététique et la moins décevante que je connaisse (même si j’ai un faible pour les repas gouda-cumin qu’on vous propose sur les vols HIJ au départ de Schiphol, qui témoigne de quelques racines flamandes).
Pour le fun, mais aussi pour pouvoir vous en parler, j’ai cependant testé le plateau éco de tante Micheylle. Fatalement, ça doit être moins bien que l’offre Bizbiz : mayonnaise aux pâtes, riz réchauffé pasteurisé, dégarni au curry sans poulet, et bien sûr le célèbre pain sans miette (sans goût et sans fraîcheur) qu’on vous sert dans tous les avions. En recevant le menu, j’avais salivé à l’intitulé du dessert (gâteau créole), malheureusement remplacé pour ce vol entre-deux-fêtes d’une bûche chimique que personne, en rangée 8, n’a osé goûter.
Après le repas, j’ai regardé un film et rédigé ce texte, sur ma tablette tactile (qui s’est plantée une fois à destination, et est à présent réparée) puisqu’Air Micheylles ne propose pas d’écran en classe bétail (sauf quelques vieilles télés accrochées aux parois de séparation des cabines). L’équipage a débarrassé les restes de mon plateau-repas pendant le générique de fin : c’est ce qu’on appelle le rythme des îles, sans stress ni précipitation. Juste à temps pour nous conduire en douceur à l’heure d’éteindre les lumières (enfin, pas tout de suite dans la partie centrale de l’appareil, pour une raison que j’ignore mais qui ne m’a pas fait plaisir).
Petit plus cependant, il faut le reconnaître, chaque passager, même en éco, reçoit un masque de nuit. Je ne commenterai pas ici l’opinion de mon voisin : « c’est parce qu’’il vaut mieux se bander les yeux que de regarder cette cabine déprimante ». Il y a pourtant de sympathiques reproductions de tableaux exotiques placardées par-ci par-là pour égayer l’atmosphère… Quoiqu’il en soit, j’ai sorti mon masque en mousse ultra-confort acheté à Boston et un casque compensateur de bruit acquis à Hong Kong (tous les deux étant bien sûr made in China) et ai oublié mon voisin.
Au réveil, j’ai relu les consignes de sécurité affichées en page 4 du magazine de la compagnie, sous le titre « Prévention des comportements perturbateurs et des indisciplines à bord de aéronefs appartenant à Air Micheylles ou exploités par Air Micheylles » : « (…) la politique est de porter systématiquement devant la justice les cas de passagers perturbateurs et d’obtenir leur condamnation. C’est vraiment dommage que la vieille tante Micheylle soit désormais morte, j’aurais bien refait un vol avec elle pour goûter son fameux gâteau créole bien sûr, mais surtout pour distribuer quelques tracts comme il m’est arrivé de le faire sur d’autres vols.
La disparition d’Air Micheylles marque néanmoins la fin d’un modèle économique de compagnie nationale déclinante, ankylosée par sur la prépondérance historique et sa culture dépassée du client captif, qui a renoncé à se remettre en question et à l’écoute du client face à la concurrence du golfe, dont il ne suffit pas de prétendre, comme une autruche qui ferme les yeux en courant face au mur, qu’elle est déloyale. En 2012, StanAir et Trèmalev disparaissent aussi, à qui le tour ?
C’est absolument nul ce que vous dites ! C’est de la méchanceté gratuite. Prenez Air Napoléon a la place, et ne revenez pas aux Seychelles. Vous ne serez pas une grande perte. C’est incroyable la médisance gratuite sur ce site a la noix.