Il y a un certain temps, j’avais distribué, à bord d’un long courrier d’Air Napoléon, un tract aux passagers (lire). Il me semble donc pertinent de raconter cette histoire d’un syndicat qui a, en février dernier, utilisé une méthode similaire pour s’exprimer. J’en reprends ici quelques extraits (adaptés dans le contexte de ce blog – j’invite les lecteur les plus alertes à consulter l’original facilement accessible en ligne).
Nous profitons du départ de ce vol Air Napoléon à destination de Maurice pour souhaiter à notre ex-PDG un bon voyage. (…) A ce Monsieur, nous disons : vous avez prévu de voyager ce jour sur un avion de la compagnie à un tarif plus que préférentiel. Un tarif (à 24 euros) qui n’existe pas pour le commun des mortels y travaillant, et tout cela avec la bénédiction de notre nouveau PDG. (…) Malgré votre « départ », vous continuez à bénéficier d’avantages et de rémunérations conséquentes. Vous faites partie de ces donneurs de leçons qui, dans le même temps où ils demandent des efforts aux travailleurs de la compagnie, s’octroient ou bénéficient de largesses inacceptables. (…) Nous ne tolérerons pas plus longtemps que nos efforts pour maintenir la pérennité de notre entreprise soient ruinés par les agissements de nos dirigeants. Nous avons été forcés d’accepter le gel des salaires, la polycompétence ainsi que l’augmentation du taux de productivité sans jamais voir de résultats probants de votre politique commerciale. (…) Nous avons accepté le gel des embauches puis nous avons appris que la Direction faisait entrer de nouveaux hauts cadres. Nous avons rendu des jours de congé alors que certains de nos dirigeants se faisaient remercier par des séjours gratuits dans des stations de ski.
Nous ne laisserons plus faire en sorte qu’Air Napoléon soit le gâteau que se partage une petite poignée d’oligarques. (…) Nous rappelons qu’une dénonciation d’accords d’entreprise ne sert strictement à rien si elle n’a pas pour préalables la fin de dérives à haut niveau ainsi que la mise en place d’une politique commerciale digne de ce nom. Nous avons même tendance à penser que régler ces deux points précités pourraient éviter de s’attaquer aux conventions. Le problème n’est pas la masse salariale, c’est le mercantilisme de haute voltige.
Je pense que chaque passager chez Air Napoléon peut adhérer à la conclusion. La dénonciation d’accords d’entreprise n’a mené pour le moment qu’à une multiplication des grèves, détruisant toute confiance dans la capacité de la compagnie à assurer les prestations vendues. Le sentiment, face à une nette diminution du service, à une réduction de l’offre, à une destruction du programme de fidélisation Miles&Blues, à une démobilisation à tout niveau et surtout à un écart grandissant entre Air Napoléon et ses concurrents sur tous les axes (plus cher, moins bien, moins sûr), c’est effectivement qu’il n’y a plus de pilote, ou plutôt que le pilote a quitté la cabine pour se goinfrer de plateaux repas, en demandant à ses équipes de faire diète et expliquant aux passagers qu’en raison de règles internes améliorées, pour accélérer la distribution comme prévu par la « miniature de service », il n’y a désormais qu’un plateau repas par rangée.
Certes il reste des marques historiques d’excellence, certes il reste des équipes dévouées, certes il reste des créneaux horaires préférables, mais une vraie politique commerciale, partant du client et pas des avantages historiques des équipages ou des ambitions personnelles de la direction, serait un meilleur signal que d’accorder une place bizbiz gratuite à un ancien PDG.
Altitude critique : L’embarquement du vol Air Napoléon pour Maurice est ouvert. Les passagers des rangées 1 à 3 sont néanmoins priés d’attendre le prochain vol, la Direction ayant décidé de partir en vacances.