Que seraient les compagnies aériennes si on en confiait la gestion à des guides touristiques américains, qui baladent des vacanciers en bus dans les parcs ou monuments ? Quelques jours aux US et autant de tours organisés me laissent penser que le voyage en serait peut-être plus amusant. « Madame, Monsieur, bienvenue à bord de ce Discoverbus 330, je suis Jesse votre guide pour ce tour. Et vous allez vivre avec nous des moments inoubliables, bouclez vos ceintures, préparez vos cameras et vos billets pour le tip en fin de parcours ! »
Ça pourrait être sympa, d’abord parce qu’à l’embarquement (l’avion venant vous chercher directement au lobby de l’hôtel), le pilote présenterait chaque nouveau passager, lui prêtant le micro pour qu’il puisse donner son nom, son prénom, préciser d’où il vient et surtout dire si c’est la première fois qu’il passe dans le coin. Avec une mention spéciale pour les couples en voyage de noce, les mères et leur filles qui se font passer pour deux copines (« mais laquelle est la mère ? ») et les newyorkais traditionnellement désagréables et mécontents (ça marche aussi pour Boston ou Chicago quand il n’y a personne de NY). Ensuite, parce qu’une fois tout le monde embarqué, les habituelles consignes de sécurité se concentreraient avant tout sur la position des toilettes (deux à l’avant, deux à l’arrière, deux au centre de l’avion, rappelez-vous que les restrooms les plus proches peuvent se situer derrière vous). Et plutôt que d’incessantes annonces sur les turbulences bien connues des voyageurs fréquents, il y aurait des rappels sur les WC, pour s’assurer qu’on le trouve bien dans l’avion, à chaque escale, et juste avant le contrôle de douane à l’arrivée. Enfin parce que tout au long du vol, le pilote-guide infatigable et bavard vous préciserait, crachant dans son micro tout en pilotant son engin et distribuant des bouteilles d’eau ou un bout de silex à faire passer à chacun dans l’avion, ce qu’on voit à droite (un magnifique paysage, entièrement inclus dans la prestation offerte par la compagnie) et ce qu’on admire à gauche (un paysage encore plus magnifique, dont il peut prendre la photo pour les passagers assis à droite qui lui tendraient leur appareil).
Entre deux commentaires géographiques, historiques et anecdotiques, l’avion se poserait quelques minutes dans différents lieux qu’il survole, pour prendre quelques photos au cours d’un stop wiki-wiki ou faire une pause et une visite plus approfondie (notamment des toilettes et du commerce qui les jouxte). A chaque sortie de l’avion, le pilote, vous appelant par votre prénom et après s’être assuré que vous n’avez pas de besoin pressant, vous proposera de vous photographier avec votre compagnon ou votre compagne (et éventuellement un monument en arrière fond) en précisant une fois de plus que vous avez bien fait de choisir sa compagnie, avec des sièges plus confortables, des paysages plus extraordinaires et plus de ketchup dans la collation méridienne.
En quittant l’appareil, faites attention ouvrant les bacs à bagages car leur contenu peut avoir bougé pendant le tour. N’oubliez pas vos sacs, appareils photos, lunettes de soleil, femmes, enfants et belles-mères. Tout ce qui sera trouvé sera mis en vente sur e-buy sous une semaine. Et on a déjà retrouvé tout cela dans l’avion.
Et pensez au pilote : 1, 5 ou 10$ à votre bon cœur, surtout si le vol vous a plu.
Vous en avez rêvé, Air Napoléon l’a fait!! Paris-Beyrouth décrit il y a peu dans les journaux (article déroutant sur l’express): 17000 USD récoltés lors le la quête!
Bien vu! Et 17000 USD de tip, c’est pas mal! Les guides touristiques à Damas sont encore plus forts que ceux des US.