La page fakecook d’Air Napoléon (www.facebook.com/airnapoleon) a récemment dépassé le seuil de 2000 membres ; c’est l’occasion d’afficher la carte Club Zéro.
La carte Club Zéro d’Air Napoléon ne se décroche pas à coups de vols longs courrier à répétition. Contrairement au programme de fidélité Miles & Blues, Air Napoléon choisit les bénéficiaires de manière discrétionnaire : hommes politiques, capitaines d’industrie ou stars de cinéma. Officiellement, les avantages Club Zéro sont comparables à ceux dont bénéficient les meilleurs clients de la compagnie aérienne : accueil SkyMediocrity indifférencié et méprisant à l’enregistrement, points de fidélité du programme le moins généreux et le plus administratif du monde, place garantie dans l’avion juste derrière les rideaux ou à côté des toilettes, accès aux salons défraichis où l’on sert la sempiternelle pitta froide aux légumes cramés…
La réalité montre néanmoins qu’une grande part au moins des détenteurs de Club Zéro obtiennent des services additionnels, bien au-delà de ceux accordés aux passagers fréquents. En particulier quand ils ont un pouvoir de décision politique, la compagnie cherchant à tout prix à maintenir son positionnement historique : ses créneaux favorables, ses parts de marchés, ses meilleures places dans les aéroports français. A défaut d’être à la tête du marché par la qualité et l’efficacité de ses services (dont chacun s’accorde enfin à dire, même en interne, qu’ils sont déclinants, dépassés par la concurrence, d’autant plus faibles que le personnel est démotivé et le financement absent), Air Napoléon utilise la corruption pour rester dans la course.
La carte Club Zéro sert ainsi à conserver, autant que possible, les créneaux les plus favorables, en nombre et en termes d’horaire notamment, le monopole des tarifs indécents vers certaines destinations, en particulier africaines, des décisions juridiques en la faveur de la compagnie quand il s’agit de freiner le renforcement de la concurrence dans les aéroports régionaux… à coup de cadeaux offerts aux décideurs sous la marque Zéro. La carte est alors un laisser-passer pour bénéficier de surclassements systématiques, d’accès privilégiés au salon, de bons de réduction ou tarifs privilégiés.
Fantasme ?
Sinon, pourquoi la compagnie offrirait-elle cette carte aux parlementaires ?

Contrairement aux informations officielles, Club Zéro donne des avantages supplémentaires par rapport au statut Maximum de Miles & Blues
A de nombreux endroits, la carte offre à ses détenteurs les avantages de la classe LaPlusChère, par exemple au salon Air Napoléon de Narita, comme le confirme l’affiche à l’entrée de l’alcôve VIP du salon (voir encadré ci-contre).
Interrogez le service pare-choc de la compagnie sur les raisons de certains surclassements (alors que la compagnie prétend ne pas en accorder, car effectivement elle n’en accorde pas à ses passagers assidus) clairement donnés d’office sur présentation de la carte, ils se réfugieront derrière le caractère discrétionnaire des décisions des équipes locales, en prenant soin de ne jamais citer la carte Club Zéro. Questionnez-les précisément sur la carte Club Zéro, vous n’obtiendrez aucun courrier en retour. Le sujet est tabou, car on préfère ne pas parler de corruption…
La culture française adore créer des privilèges, et la carte Club Zéro en est un parmi d’autres. Sans grand intérêt donc : tant mieux pour ceux qui l’ont, tant pis si la compagnie se maintient par ce moyen plutôt qu’en se battant sur la qualité pour tous les passagers. Mais peut-on fermer les yeux quand l’opération se traduit, dans l’esprit d’une part non négligeable du personnel, en particulier dans le management historique indéboulonnable qui croit à tort piloter une compagnie « supérieure », une telle stratégie du monopole conservé, au détriment des autres (vrais) passagers ? Ce sont d’abord eux qui paient les avantages Zéro, et surtout qui endurent les lacunes d’Air Napoléon, qui reste incontournable pour de mauvaises raisons.
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