On a pris l’habitude que les compagnies du Golfe offrent un service irréprochable. Et c’est à ce niveau qu’a commencé mon voyage avec Etikhet Airways, jeudi soir mi avril. A 18h30, la limousine et son chauffeur m’attendaient à la sortie du bureau, pour me conduire jusqu’au comptoir d’enregistrement, rapide et souriant, s’excusant de l’état imparfait de CDG 2A toujours en travaux. Le nouveau salon de la compagnie, avec son restaurant et son salon-bibliothèque chaleureux, laisse presque penser qu’on n’est déjà plus à Paris, tant on a perdu l’habitude de trouver à CDG un confort aussi recherché. Plus que tout, une discussion à bâtons rompus avec Priscilla, l’hôtesse d’accueil, passionnée par son métier et fière de représenter sa compagnie, m’ont convaincu de l’intelligence commerciale d’Etikhet et de son personnel, prêt à sourire sur la photo aux côté d’un nounours Air Napoléon, en jurant que le sens du client doit primer sur la procédure immuable.
Le vol en First jusqu’à Abu Dhabi, dans la suite 1A, avec la viande rôtie sur place et le jus pressé frais, est également irréprochable, quoique je me suis retrouvé à travailler, certes confortablement installé, sur mon PC connecté en wifi. On n’a plus d’endroit où se réfugier des émails si désormais ils bipent aussi à 10 000 pieds.
L’arrivée dans l’aéroport exigu à AUH (tant que les travaux d’extension n’arrangent pas enfin la situation), mal gérée par des bus trop lents, trop chauds et sans distinction de classe, vous fait sortir un peu brutalement du cocon de confort, mais est vite rattrapée par un massage offert au salon First de la compagnie. Continuant sur une cabine Bizbiz, je ne suis pas sûr que l’accès à cet espace soit parfaitement conforme, mais il a suffi d’évoquer l’esprit de Priscilla et l’engagement de qualité promis à chaque hôte par la compagnie, pour y accéder.
La suite, sur un segment opéré par Herr Merlin pour la Thaïlande, s’est révélée vraiment décevante. Embarquement en zone cargo, dans des bus encore plus lents et plus chauds, pour une cabine bizbiz vieillie, bruyante et d’autant plus perturbante que la compagnie allemande, évoluant à marche forcée pour passer du transporteur charter à la filiale labellisée Etikhet Airways, vante pub après pub ses nouveaux sièges bizbiz, plats, horizontaux, optimisés pour un sommeil de qualité. Ça ne me pas empêché de dormir sur toute la durée du vol, échappant au plateau repas resté en mode charter et au divertissement à bord a priori monopolisé par Derrick. Alléluia, s’est exclamée entre d’autres soupirs en allemand, la chef de cabine lorsque l’avion s’est posé sur le sol thaïlandais : il n’est pas facile d’assumer un service dégradé quand tous les passagers sont venus sur une promesse d’excellence.
Mon programme en Thaïlande, savamment concocté par l’excellente BTA, s’est concentré sur une rencontre avec James Bond, très professionnelle quoiqu’un peu arrosée, et un repas musical dans une immense salle à manger extérieure. Arrivé le vendredi, je suis reparti le dimanche soir, avec une feuille de route en marche arrière : le cœur rouge en chocolat de supermarché offert en fin de vol par Herr Merlin d’abord, les bus et salons du désert ensuite, l’excellent service à la demande de la bizbiz Etikhet enfin.
Avantage des séjours courts, il n’a pas été nécessaire de faire connaissance avec le personnel d’Herr Merlin au retour. J’ai en effet retrouvé l’équipe de l’aller, épuisée par leur WE du nouvel an thaïlandais (il est de coutume de s’arroser pour l’occasion d’eau fraîche, et il est vite fatigant d’éviter les éclaboussures et les tirs de pistolets à eau). La discussion avec la chef de cabine, tout autant en colère contre la compagnie que ses passagers, montre ici comme ailleurs les dégâts que peut faire un marketing menteur au sol sur l’ambiance en vol. J’ai vite compris que le plus dur à endurer pour mon interlocutrice pendant son WE délocalisé était moins les incessants jets d’eau que la certitude de trouver en cabine des passagers désappointés.
L’équipage très british digne de la cour de la Reine Elizabeth, pour le vol Etikhet atterrissant à Dublin, a mis bien sûr plus d’enthousiasme à la tâche. De beaux efforts gâchés néanmoins par ses homologues au sol, qui n’ont pas affrété la limousine prévue à l’arrivée, au prétexte qu’il n’avait pas été possible de me joindre par téléphone pour confirmer mon arrivée. Effectivement, on capte mal à bord des charters Herr Merlin, et il y a sans doute d’autres urgences à améliorer dans ces avions !
De ce voyage, au risque de décevoir Priscilla qui m’avait prédit une prestation exceptionnelle, je garde une impression mitigée. On a pris l’habitude que les compagnies du Golfe offrent un service irréprochable. J’espérais que les rapprochements en cours avec des entités européennes, dont le plus avancé est sans conteste Air Merlin, propulsent celles-ci à ce niveau d’excellence. J’ai un peu peur qu’on déroule au contraire la feuille de route en marche arrière, et que déteigne partout l’inconstance et la complexité des compagnies européennes.
Ça me fait penser qu’Air Napoléon et Etikhet développent une collaboration plus intégrée. Je suis curieux de connaître la cohabitation en cabine des deux cultures de service…
Beau travail Photoshop sur la photo, je viens juste de remarquer