Air Napoléon va rénover ses sièges LaPlusChère, et son service marketing voudrait qu’on dise que c’est les meilleurs du monde, même s’il sait que c’est un gros mensonge. Il a organisé pour cela une séance de présentation qui se tiendra très bientôt en Chine et a pré-écrit dans ses communiqués de presse les formules que les journalistes nationaux, invités à la fiesta, devront recopier pour vanter l’innovation et l’excellence prétendues de la compagnie, comme cela a été fait pour le nouveau siège Conconomy long courrier, dont on admire le design contemporain des différentes variantes de coussins qui seront posées dessus de façon aléatoire, et le siège Bizbiz enfin horizontal qui a réclamé quatre ans de réflexion et arrive avec six ans de retard sur la concurrence.
Mais cette fois le service marketing d’Air Napoléon n’a pas de chance. D’abord, parce qu’il y a quelques jours un syndicat de pilotes a prévenu qu’il ferait grève pour garder le droit de faire grève sans prévenir. Certes, ce n’était qu’un préavis qui depuis a été levé. Mais il a rappelé aux passagers que leurs réservations du mois de mai, voire les suivantes, pouvaient sauter pour une simple saute d’humeur. On peut comprendre ces pilotes qui tiennent tant au droit de grève, c’est-à-dire au droit de gêner leurs clients : bien conscients que certains de leurs avantages sociaux et salariaux seront remis en question dans une compagnie en perte financière et en recul sur la recette unitaire, ils veulent garder tous les moyens de pouvoir les défendre. Sauf que ce n’est pas leurs mouvements sociaux qui paieront ces acquis, mais la recette des passagers, qu’ils mettent en péril avec leurs annonces d’arrêts de travail. Et les nouveaux sièges LaPlusChère, avant même d’être présentés, comportent désormais une caractéristique notable : ils peuvent être bloqués au sol, tout comme celui qui est assis dessus.
Pire encore que les menaces internes, il y a celles des concurrents. Une compagnie de Golfe, Etikhet Airways, a juste choisi le WE dernier pour faire le buzz, avec une refonte de gamme bien plus révolutionnaire que les fadasses annonces de rattrapage de retard qu’Air Napoléon cherche à faire passer pour de l’innovation. Conconomy SmartSeat, qui a plus à proposer qu’un coussin contemporain et aléatoire ; Bizbiz Suite, qui offre bien mieux qu’un lit horizontal puisque Etikhet le proposait déjà ; Frime Suite, Frime Appartement et même Frime Résidence (un salon, une douche, un lit) pour une prestation de voyage totalement nouvelle et une utilisation très intelligente et rentable de l’avant du pont supérieur A380… C’est pas de chance pour le service marketing d’Air Napoléon, qui devra gonfler d’autant ses mensonges de grenouille qui se veut aussi grosse que le dromadaire.
Au contraire, ce contexte devrait être l’occasion de jouer cartes sur table, en admettant l’écart et communiquant sur les vraies raisons d’un tarif plus cher pour un service moindre. Dans le prix d’un billet Air Napoléon, on paie avant tout des taxes exagérée sur les escales nationales, des charges sociales et acquis excessifs du personnel, et un poids énorme de la dette issue des fastes passés et sans doute de quelques erreurs de gestion. Le marketing pourra ainsi arguer qu’on n’est donc pas dans un acte égoïste et polluant de surenchère du luxe de ses concurrents du Golfe, mais dans un investissement sociétal et solidaire, qui finance les dépenses de l’Etat dans tant d’autres domaines, les billets des passagers des années antérieures et la qualité de vie du personnel. Ce n’est peut-être pas un message aussi séduisant que celui prétendant offrir le meilleur siège au monde ; mais au moins il est plus avéré, et en phase avec le comportement de la compagnie qui n’apure pas ses dettes par des ventes significatives d’actifs, de l’Etat qui gonfle encore les taxes d’aéroport et des pilotes qui réclament leur droit de grève absolu.
J’aime la pertinence de votre analyse tjr avec humour…
Quand BA offre le full flat depuis 99 en J c’est a dire il y a 15 ans, AF a tarde, NEV 1,2,3,4 et enfin les cirrus.
Soit une perte de temps mais aussi d’argent, car il a fallu développer les sièges, les fabriquer, cela a surtout crée une disparité dans la flotte. Pour le plus grand plaisir des passagers…..
Je regrette le manque d’audace du service R&D (s’il existe).
Je déplore l’arrogance et le mépris du service marketing pour nous servir qq chose de moyen mais fait croire a une révolution….
Pour les nouveaux sièges en P, il faudra attendre le retour des passagers (sic), pardon la femme du CDB pour connaitre la différence.
Dans les méandres de la médiocrité, il reste le salon P et le service sol qui restent sans compétition.
Merci pour ce post.
La difference de prix finance aussi le systeme archaique Flying Blue, qui s’ingenie a degrader le service percu par le client grace a une accumulation de regles obscures dans lesquelles ni Air Nap ni Flying Blue ne s’y retrouvent…