Je l’avais ratée la semaine dernière, j’étais arrivé en retard à Roissy-dans-le-Brouillard, ratant un vol, et Betty Airways s’est montrée plus prompte et commercialement intelligente qu’Air Napoléon pour le remplacer). Mais cette fois-ci la voilà : la nouvelle offre éco court-moyen courrier de chez Napo.
Au sol, il n’y a rien de changé, si ce n’est la pub qui annonce de nouvelles collations à bord.
En cabine, on ne peut pas rater le changement : les tissus d’appuie-tête sont devenus rouge pétant et les haut-parleurs diffusent à tue-tête la nouvelle musique de la pub balançoire.
En business, j’aime bien le coussin, déposé sur chaque siège, mais pas la cantinière. Pour servir trois ou quatre rangée, ils pourraient laisser la métalerie au galley et apporter chaque plateau individuellement. On va me dire qu’il n’y a pas assez de temps : Betty le fait sur un Paris-Londres et arrive en plus à passer collecter de dons de charité, sans paraître stressée ni pressée.
En éco, on note surtout le remplacement, après presque dix ans d’immobilisme souvent dénoncé ici, des biscuits sucrés Grand-Mère Poulard (et des salés Pesto secs et sans goût). Il y pour ce vol court de milieu d’après-midi des muffins fourrés, l’un au caramel collant, l’autre à la pomme gluante. French Touche oblige, ils sont servis directement depuis le carton d’usine, par un PNC sans sourire ni parole, qui passe avec son carton tandis que la cantinière suit avec les boissons. C’est le luxe à la française, selon Air Napoléon is in the air.
Personnellement, j’ai toujours eu le sentiment sur cette compagnie, dont la culture d’entreprise a trop longtemps voulu qu’elle sache tout mieux que quiconque, qu’on réduisait le passager court courrier au statut de gamin mal élevé qu’une hôtesse-institutrice hautaine dans le meilleur des cas, sévère quand on ne pense pas ce qu’elle veut, dédaigneuse le reste du temps, surveillait en attendant les vacances. Face au steward distribuant avec fatigue le contenu de sa caisse à biscuits colorés aux moutards attendant trois par trois sur leur banc, j’ai eu cette fois l’impression de me retrouver en colonie de vacances.
Mais ne boudons pas notre plaisir. Air Nap a enfin changé sa collation en vol et ça se fête. Pour ceux qui comme moi avaient développé au fil des années une allergie au biscuit Grand-Mère Poularde, on va pouvoir profiter désormais de dix ans de muffins gras !
Pour les nostalgiques (et les bretons), il reste des biscuits Grand-Mère Poularde au salon (toujours aussi mal équipé et mal achalandé, même si on note désormais un effort pour changer de temps de marque de yaourt ou de sortes de fromage). Il paraît qu’ils avaient été retirés mais qu’un passager de la classe LaPlusChère en a spécialement demandé depuis le salon qui lui est réservé. Depuis, pour le plus grand bonheur de ce passager, Air Napoléon a remis au salon le biscuit Grand-Mère Poularde et son sempiternel compère le cake à la pomme. Voilà une belle histoire d’enfant terrible et d’institutrice dévouée, comme Air Napoléon adore se les raconter.
On notera que le service de colonie de vacances ne prévoit pas de citron et glaçons avec la boisson. J’ai sans doute trop volé avec Betty et Lufthanna, où cela est systématiquement proposé. Mais le steward d’Air Napoléon hausse les épaules et passe au rang suivant.
Il n’y a pas non plus d’alternative aux muffins. Air Napoléon reste dans une offre du siècle passé, où il faut à tout prix recevoir sa bouffe prétendument gratuite et assurément mauvaise dans l’avion, alors que les nouvelles compagnies vendent des collations plus variées et plus alléchantes. Je préfère payer un snack convenable que jeter un snack gratuit.
Mais tout peut changer. Par exemple il suffit de sortir un stylo et de remplir le questionnaire de satisfaction à la fin du magazine de bord, pour qu’un steward ironique apporte, alors que l’avion va atterrir deux nouveaux muffins et un verre avec glace et citron…
On conclura donc que l’offre Air Napoléon s’améliore. Un peu trop tard et avec trop de prétention pour être parfaitement appréciable, mais indéniablement elle s’améliore…