Cher Napoléon,
Je vous observe au travers de cette pub idiote qui remplit un avion d’hôtesses en robes démodées, riant bêtement sur leur balançoire tandis que le client attend. Il est difficile de trouver meilleure illustration de l’idée – naturellement erronée – qu’afficher ses bévues du passé va faire revenir le client d’antan.
Pendant longtemps, vous avez agi comme les taxis contre Hubert.
D’abord vous avez râlé contre les low costs Hubert Pop moins chères parce que déloyales, subsidiées, non sûres. Et fait appel à l’Etat, cartes ClubZero Parlementaires à l’appui, pour préserver vos créneaux. Mais les clients ont préféré des billets en ligne et moins chers.
Ensuite, vous avez râlé contre les compagnies du golfe Hubert X, aux petits soins de leurs passagers jusqu’à leur offrir des bonbons, mais déloyales, subsidiées et bien sûr non taxées. Et prétendu être les meilleurs, prétention à la française à l’appui. Mais les clients ont préféré la qualité réelle, les grands écrans et le wifi gratuit.
Comme la compagnie 3G qui détient 57% des licences taxi à Paris, vous qui déteniez 70% des créneaux à Paris, avez donc vu partir pour d’autres acteurs vos clients autrefois captifs, insatisfaits de vos tarifs excessifs, de votre qualité incertaine, de vos trajets perturbés et surtout de votre immobilisme méprisant.
Et vous avez râlé parce que le monde change. En manifestant au lieu de faire voler vos avions. Pendant les grèves, vos clients les plus fidèles ont voyagé sur Hubert X, apprécié la différence (la simplicité, l’attention au client, la dynamique de progrès) et font désormais appel à lui.
Et vous avez tenté de repousser vos concurrents. En vous enfonçant dans vos certitudes et regardant votre passé. Pendant des années, vous avez faits de vos principes différentiant (la prétention, le salé-sucré, le mépris des cabines arrière) le symbole de votre immobilisme.
Mais à présent vous cherchez à suivre Hubert. Baisser les prix quitte à être en perte à chaque exercice depuis dix ans. Remettre un minimum de qualité dans vos collations, salons, sourires qui étaient devenus si minables.
Mais pensez-vous que si les taxis parisiens proposaient une course au forfait, un paiement sans contact, une bouteille et un bonbon, tous leurs passagers abandonneraient Hubert ?
Le monde change.
C’est pourquoi votre publicité qui investit sur les clients du passé m’inquiète.